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Le point de vue d'un sénégalais

Politique - Economie - Sociale - Géostratégie

Sénégal, une justice à deux vitesses, otage de l'émotion des masses?

Sénégal, une justice à deux vitesses, otage de l'émotion des masses?

Un pays qui aspire à l'émergence peut il se payer le luxe d' avoir une justice à deux vitesses ?

Au pays de la Téranga, s'il y a un domaine dans lequel excellent, de façon incontestable, les régimes qui se succèdent, c'est celui des slogans. Malgré, d'ambitieux slogans comme celui du « PSE » (Plan Sénégal Émergent), nous tardons toujours à sortir notre pays des gouffres du sous développement. Et pour cause, un pays qui aspire au développement économique afin d'offrir, à chaque citoyen la possibilité de vivre dignement et décemment des fruits de ses efforts de labeur, ne peut pas se permettre de faire l'économie d'une justice indépendante et égalitaire.

En droit, l'on nous a appris, que la loi est générale et impersonnelle. Elle s'applique, de la même façon, à chaque citoyen quelque soit le rang ou la classe sociale de celui-ci. Et pourtant, au Sénégal se développe, de plus en plus, une justice à géométrie variable et ceci avec la complicité des sénégalais.

En effet, quelque soit la gravité des faits qui leur sont reprochés, les célébrités peuvent toujours compter sur le soutien de groupes de personnes qui, au nom de l'émotion, appellent systématiquement à leur libération. De Barthélémy Diaz à Taïb Socé en passant par Cheikh Yérim Seck, Ndiaye Doss, Cheikh Béthio Thioune, Tamsir Jupiter, Thione Seck, pour ne citer que les cas les plus récents, des groupes de pression se sont formés et ont fini par obtenir leur libération avec très certainement l'intervention des plus hautes autorités publiques.

Le cas, le plus souvent évoqué pour tordre la main des magistrats qui finissent par capituler devant de telles pressions, à la fois populaire et étatique, est celui de la maladie. Dès qu'une célébrité entre en prison, l'on évoque avec la complicité des média, ses problèmes de santé qui seraient incompatibles avec un séjour carcéral. A moins, d'être un farouche opposant du régime, on finit toujours par obtenir une liberté sensée être provisoire au départ mais celle-ci devient définitive pour la simple raison qu'elle n'est suivie d'aucune suite judiciaire.

Ainsi, notre justice se retrouve otage de nos émotions. A la limite, on peut parler d'un fanatisme, qui brouille notre rationalité, piétine les droits de réparation d'éventuelles victimes et extirpent de potentiels délinquants ou criminels des mains de la justice. Pendant ce temps, les victimes et leurs proches n'ont personne sur qui compter pour atténuer leurs souffrances face à une telle injustice.

La paix sociale passe incontestablement, par le respect des droits de chacun. Elle doit être garantie par une justice qui doit être exemplaire sur tous les plans et impartiale. Il n'est pas raisonnable, encore moins, admissible, que dans un pays comme le notre, cohabite parallèlement, deux types de justice qui jugent en fonction du faciès de celui qui est accusé d'avoir enfreint la loi.

Chaque citoyen doit apprendre à contrôler ses émotions quelque soit l'admiration qu'il puisse éprouver à l'égard d'une quelconque célébrité. Il doit laisser la justice faire son travail de façon libre, indépendante et sans pression. Nos autorités doivent, enfin, œuvrer, en pensant aux générations futures, pour une Justice forte et indépendante. Le président de la République doit cesser d'être le président du conseil supérieur de la magistrature. Enfin, il faudra que la justice soit un pouvoir totalement séparer de l'exécutif donc du ministère de la Justice.

Lorsque, la justice, qui est garant de la cohésion sociale n'est pas totalement indépendante et , qui de plus, est à géométrie variable, la révolte de ceux qui se sentent opprimés, un jour ou l'autre, n'est qu'une question de temps.

Serigne Mbacké FALL

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